Fast Fashion : le vrai coût de la mode à petit prix
L’industrie textile, valorisée à 3000 milliards de dollars, est en pleine effervescence. Entre 2005 et 2019, la consommation mondiale de vêtements et de chaussures a presque doublé, atteignant plus de 130 milliards d’articles par an.
Au cœur de cette croissance effrénée, les plateformes en ligne et applications comme Temu et Shein, qui comptent des dizaines de millions d’utilisateurs et clients, posent des problèmes sociaux et environnementaux significatifs en raison de leur business model basé sur la surconsommation.
En favorisant des cycles de production et de renouvellement insoutenables, ces entreprises engendrent des conséquences environnementales et sociales alarmantes.
Comment pouvons-nous inverser la tendance et promouvoir une mode plus durable ?
L’ère de la fast fashion : un cycle infernal
La fast fashion repose sur un changement rapide des collections et des prix attractifs, incitant à une consommation effrénée. Ce modèle, influencé par le Lean management, vise à maximiser les profits en minimisant les coûts. Les enseignes peuvent renouveler leurs collections toutes les deux semaines, alimentant ainsi la surproduction et la surconsommation. Aujourd’hui, 130 milliards de vêtements sont produits chaque année, soit 80 % de plus qu’il y a quinze ans.
Les plateformes en ligne jouent un rôle crucial dans cette dynamique. Elles offrent une accessibilité et une variété inégalées, permettant aux consommateurs d’acheter facilement et rapidement des vêtements à bas prix, souvent sans se rendre compte de l’impact de leurs choix.
Pour rendre leurs clients accros, elles s’appuie sur plusieurs leviers imparables :
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Publicité ciblée : utilisation d’influenceurs et de campagnes publicitaires intensives sur les réseaux sociaux.
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Prix extrêmement compétitifs.
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Gamification : intégration de jeux et de récompenses pour encourager l’engagement quotidien.
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Remises constantes : envoi de notifications fréquentes avec des offres spéciales et des réductions limitées dans le temps pour inciter à revenir sur l’application.
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Recommandations personnalisées basées sur les comportements d’achat précédents.
Derrière ce marché florissant se cache une réalité obscure, avec des conséquences alarmantes…
Un impact environnemental et social désastreux
L’industrie textile est une des plus polluantes au monde. Chaque année, elle émet 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre, soit plus que tous les vols internationaux et le trafic maritime réunis. La production d’un simple jean nécessite environ 7500 litres d’eau, et le secteur est responsable de 20 % de la pollution des eaux industrielles mondiales.
À cela s’ajoutent les milliers de tonnes de microplastiques issus du lavage de nos vêtements qui se retrouvent dans les océans.
Des problèmes qui sont exacerbés par l’achat impulsif devenu banal sur les applications…
Du côté des fabricants, le bilan est tout aussi désastreux. On estime que les usines de production de vêtements emploient environ 75 millions de personnes à travers le monde, majoritairement des femmes, souvent dans des conditions lamentables. Au Bangladesh, par exemple, le salaire moyen est d’environ 80 euros par mois, à peine suffisant pour survivre. Ces économies réalisées par les mastodontes du secteur leur permettent de produire des vêtements dont le prix est attractif en Europe. Mais à quel prix ?
La lutte contre ces abus est en progression
Des organisations comme le Collectif Éthique sur l’étiquette, Fashion Revolution et la Clean Clothes Campaign se battent pour améliorer les conditions de travail dans l’industrie textile. Elles sensibilisent le public et mettent la pression sur les entreprises pour les faire adopter des pratiques plus responsables. Par exemple, Fashion Revolution a lancé le mouvement #WhoMadeMyClothes pour exiger plus de transparence sur les conditions de travail des fabricants de vêtements.
Les plateformes en ligne commencent également à s’adapter à cette tendance, en offrant des options plus durables et éthiques. Certaines marques commencent aussi à adopter des pratiques plus durables sous la pression de leurs clients et des ONG. Bien souvent, ces initiatives sont vues comme des campagnes de communication plus qu’un véritable changement, mais elles ont au moins le mérite de mettre en lumière ce qui ne va pas dans ce milieu.
Toutefois, certaines actions portent leurs fruits. Sous la pression de certains acteurs, notamment 60 Millions de consommateurs, l’entreprise chinoise Temu est contrainte de revoir ses pratiques. L’association a en effet révélé des problèmes de qualité, comme des produits défectueux et non conformes, ainsi que des méthodes de vente agressives et trompeuses, telles que la copie de designs de marques de luxe avec de légères modifications de nom.
Des engagements volontaires, comme la Charte de l’Industrie de la mode pour le climat, visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais manquent souvent de mécanismes de sanctions efficaces. C’est pourquoi plusieurs lois comme celle sur le devoir de vigilance en France obligent les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement dans toute leur chaîne de production. D’autres pays, comme le Royaume-Uni et l’Australie, ont également adopté des lois sur l’esclavage moderne, bien que leur application soit souvent insuffisante. Un cadre réglementaire international plus strict apparaît comme nécessaire pour garantir la responsabilité des entreprises.
Agir pour une mode durable : le consommateur au coeur du changement
La slow fashion propose une alternative à la fast fashion en mettant l’accent sur la qualité, la durabilité et la transparence des produits. Elle encourage une consommation plus réfléchie, dans le respect des droits humains et de l’environnement.
Pour opérer ce changement, il existe des alternatives pratiques pour une mode plus responsable, comme l’achat de vêtements de seconde main, le soutien aux marques éthiques et l’utilisation de labels de certification.
Des initiatives comme le Second Hand September d’Oxfam encouragent les consommateurs à adopter des habitudes de consommation plus durables. Les labels comme Fairtrade, GOTS et la Fair Wear Foundation offrent quant à eux des garanties sur les conditions de production et la durabilité des matériaux.
Pour repenser l’impact de vos activités numérique sur l’environnement, consultez Reboot : un guide complet pour vous aider à y voir plus clair et à agir en faveur d’un numérique plus durable, respectueux de notre planète !
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